Mon choix d’une méthode de travail essentiellement analogique — écriture à la main, avec stylo et papier, lecture de livres et de textes imprimés et prise de notes manuscrites, entre autres choses — peu sembler incongru. Pourtant, je pense que c’est un choix plutôt réfléchi.
Il est vrai que c’est d’abord un choix idéologique, le fruit de mon inquiétude croissante face à la disparition rapide de toute notion d’intimité et de vie privée sur nos machines, dans ces applications et ces services en ligne dont nous dépendons de plus en plus et que nous contrôlons de moins en moins.
Mais c’est aussi un choix éminemment pragmatique, très terre à terre. C’est le choix de la tranquillité et de la simplicité.
Ce matin, tandis que je travaillais j’ai eu envie d’écouter de la musique sur les enceintes externes de mon ordinateur/ J’ai une grosse collection de CD ripés dans l’ordi, c’est plus pratique comme ça. Pour économiser de l’électricité, j’ai voulu éteindre l’écran qui ne me sert plus à rien vu que l’ordinateur devenait un simple juke-box high-tech. J’ai donc appuyé sur l’interrupteur de l’écran qui, sans surprise, s’est éteint… en même temps que s’interrompait la musique sur les enceintes.
Nouvel essai (après redémarrage de l’ordi, parce que bien sûr le bug fait qu’il n’est possible de ‘reconnecter’ les enceintes qu’en redémarrant le PC), même résultat. Nouvel essai et nouvel essai encore. Toujours le même résultat surprenant. Mais le plus surprenant c’est quand on réalise que ces enceintes sont connectées à l’ordinateur, par un câble audio tout bête, et qu’elles ne sont aucunement connectées à l’écran, par aucun câble. Qu’il soit allumé ou ou éteint ne devrait pas les impacter.
Alors, pourquoi ça fait ça? Mystère.
Là où ça devient problématique à mes yeux c’est que au lieu de poursuivre mon travail (en musique, donc) j’ai perdu les 15 ou 20 dernières minutes à essayer de comprendre ce qui se passait et, surtout, à essayer de trouver une façon pour pouvoir écouter ma musique sur ces enceintes externes sans que l’écran reste actif. Ensuite, et c’est là où ça pourrait franchement devenir ridicule c’est que, bon citoyen du Logiciel Libre, je me dis que ce serait une bonne idée de signaler le souci… mais à qui et de quel bug exactement dois-je parler?
Est-ce Mint qui plante ? Est-ce le module audio ou alors le module de gestion d’énergie ? Ou bien encore ce petit plugin que j’utilise pour facilement passer des enceintes externes au casque audio (c’est probablement lui mais il faudrait pour en être sûr que je teste ça, et j’ai autre chose à faire là tout de suite)? Est-ce lié aux enceintes externes, ou au câble audio, ou à quelque chose d’autre encore ? Et là, tout d’un coup, ce n’est plus quelques minutes que je risque de perdre à chercher où signaler le bug et comment le décrire efficacement. J’en ai pour des heures.
La solution est évidente : ne pas écouter ma musique sur ces enceintes. Ne pas écouter ma musique sur l’ordinateur. Dépoussiérer les cartons contenant mes vieux CD, en choisir un et le mettre dans le lecteur de CD de notre vieille mini chaine-HiFi qui prenait la poussière. Surprise ? Ça marche. J’ai de la musique sans être onbligé de garder un écran allumé, ni l’ordinateur d’ailleurs.
Je ne sais pas pour vous, mais tout me semble plus simple sans high-tech. Instantanément, je me retrouve dans un monde qui ne s’acharne plus avec autant d’obstination à m’empêcher de faire ce que je veux faire.
Sans high-tech, plus de notifications de nouvelles mises à jour ou de nouveaux messages. Plus non plus ce besoin irrépressible daller vérifier en ligne telle ou telle référence obscure ou n’importe quelle autre info. Et, tout spécialement ce matin, plus aucun de ces bugs idiots qui font perdre un temps si précieux.
Sans l’ordinateur, mon bureau ce n’est plus non plus cet environnement que je peux customiser ad nauseam. Ce n’est plus que cette large planche de bois épais sur laquelle sont posés des livres, mes carnets et fiches, quelques stylos. Et cette tasse de café à présent froid.
Sans l’ordinateur et sans ses bugs, il n’y a plus entre moi et ce que je veux faire (et boire) que ma volonté de vraiment m’y mettre.
À ce propos, le temps de poster ce billet et d’éteindre une nouvelle fois la machine, j’y retourne non sans prendre le temps de vous souhaiter une excellente journée.

Published: 2025/04/23