Je n’ai pas lu beaucoup cette semaine.
Lectures terminées
Pas grand-chose mis à part La maison enragée, une nouvelle de Richard Matheson que je n’ai pas aimée.
J’apprécie généralement plutôt bien le travail de Matheson. Je lavais découvert pour sa participation à quelques-uns des meilleurs épisodes de The Twilight Zone mais j’ai vraiment commencé à l’apprécier il y a quelques années en lisant son roman I’m Legend qui sert d’inspiration à tant de films éponymes qui à peu près tous, si pas tous — si vous ne l’avez pas lu, croyez-moi sur parole — passent à des années-lumières de la réflexion (sur la normalité) à laquelle nous invite Matheson dans son roman. Pas avec cette nouvelle, La maison enragée, et c’est d’autant plus dommage que j’avais acheté ce bref recueil de nouvelles (chez Librio, #355) pour lire cette nouvelle en particulier.
Au début, j’ai voulu croire que ça venait peut-être de la traduction (n’ayant lu Matheson qu’en anglais, je n’ai pas vraiment de recul) mais j’ai réalisé que le récit ne tient juste pas, trop de soucis structurels et, je ne sais pas, quelque chose comme un réel manque d’empathie de Matheson envers ses personnages et pour son histoire. L’histoire ? J’en trouve l’idée géniale et je n’aurais pas été surpris de la voir jaillir sous la plume de Stephen King : un écrivain raté vieillissant, qui n’arrive pas du tout à écrire et ça le rend aussi furieux qu’il en est frustré, est toujours en colère contre tout le monde et contre tout (plutôt que de se remettre en question, donc, il passe son temps à péter un câble pour un oui ou pour un non) fini par réaliser que toute cette colère qui émane en permanence de sa petite personne depuis des années qu’ils vivent dans leur maison, son épouse et lui, a fini par pénétrer les murs de sa maison, les meubles et les objets qui finissent tous par se retourner contre lui. Génial.
Malheureusement, Matheson ne semble pas avoir voulu entrer dans le sujet. Littéralement, il l’effleure à peine et, passant le bout du doigt sur le rebord mal dégrossi d’une fenêtre ou d’une porte se prend quelques échardes dans les doigts, avant de soudainement (nous) plonger dans un délire auquel, moi lecteur, je n’ai pu assister qu’en spectateur incrédule et indifférent. Les personnages eux-mêmes ne semblent pas tenir debout tout seuls, y compris le personnage bien trop négligé de l’épouse qui est pourtant censé jouer un rôle clé et qui non seulement l’aurait mérité mais me semble aussi cruellement manquer dans l’histoire pour lui donner un peu d’intensité et de corps. Bref, une déception. Et l’envie, saugrenue de toute évidence, d’écrire ma propre version de cette idée que je trouve toujours aussi chouette — comme si j’étais capable d’écrire une histoire.
Lectures pas terminées
Rousseau, ‘Du contrat social’.
J’ai continué à progresser dans ce texte passionnant et intelligent. Si je n’en lis si peu à la fois c’est que je prends mon temps pour mieux comprendre (il est rarement difficile à lire) et, surtout, pour prendre le temps d’y réfléchir et d’y penser. Aujourd’hui, plus que jamais peut-être alors que l’individu roi et l’égoïsme triomphent un peu partout, se demander ce qui constitue le pacte social entre des individus, pourquoi et comment vivre et le fonctionner ensemble, me semble une réflexion très utile.
Proust ‘À la recherche du temps perdu’
Même topo. J’avance lentement mais avec toujours autant d’enthousiasme dans ce premier volume, et avec une admiration qui ne cesse de croître pour son travail de mécanique — une mécanique si fine et invisible qu’elle en devient organique. C’est vivant, La recherche.
Verne, ‘Michel Strogoff’
Envie de me replonger dans ce souvenir d’enfance, mais je dois dire que j’ai du mal. Je m’attendais à la lire presque d’une traite mais ^parvenir à passer outre les cents premières pages m’a demandé un réel effort de bonne volonté. Je ne me souvenais pas non plus à quel point Verne aimait… faire des phrases là où il aurait pu n’utiliser qu’un mot, ou deux. Ceci dit, effort (de vieux lecteur) ou pas une fois que les aventures ont réellement démarré j’étais content de retrouver mon héros d’enfance.
Lecture et booktubing
Comme je disais, pas grand-chose en termes de volume donc. Et c’est vécu sans aucun regret ni amertume. Je suis heureux de ce que j’ai lu cette semaine.
Lire, c’est un peu comme manger.
On a le choix des aliments et de comment on va se nourrir. Je ne suis plus très fan de m’empiffrer, ni du fast-food. Et c’est cette absence de désir de m’empiffrer de littérature qui fait que je ne pratique pas vraiment les booktubeurs — malgré le talent évident de certains, ce que je ne questionne pas. J’ai essayé, mais je n’y trouve tout simplement pas d’intérêt pour au moins deux raisons.
YouTube en tant que plateforme repose entièrement sur l’incitation à consommer toujours plus de vidéo à propos de quoi que ce soit qui nous intéresse afin de rester le plus longtemps chez eux, qu’ils puissent nous montrer un max de pub (peu importe si on a appris à les bloquer ou pas, ça ne change pas le principe de fonctionnement de YT), et pour qu’ils puissent mieux disséquer nos habitudes et préférences histoire de… vendre plus de pubs. C’est la première raison qui fait que je préfère ne pas associer lecture et YT : j’aime pas les pubs, et j’en veux pas ou le moins possible.
De la même manière, nombreux sont les booktubeurs qui sont motivés pour produire toujours plus de vidéos parlant de livres (histoire de d’être mis en avant par YT, d’avoir plus de vues et plus d’abonnements et, je suppose, au final, espérer toucher plus de revenus publicitaires ou éventuellement de l’argent d’un sponsor quelconque).
Produire plus et donc regarder plus de vidéo qui parlent de littérature est un choix que je ne critique pas mais c’est aussi un choix qui, mécaniquement, amène à lire moins. Un peu comme à l’école on va plutôt lire le résumé d’un roman plutôt que de s’en farcir réellement (et longuement) la lecture intégrale. Juste assez d’efforts pour avoir de bonnes notes lors du contrôle. Parce que, oui, lire ça prend du temps et ça demande un certain effort d’attention. On ne peut donc pas à la fois regarder une vidéo qui parle d’un livre et lire ce livre en même temps. Il faut choisir. Si les deux choix sembleront valides selon les priorités de chacun, entre être le spectateur, d’une tête qui se filme en train de parler d’un bouquin, et être le lecteur du bouquin en question, j’ai fait mon choix.
… Même si parfois ça veut dire avoir passé du temps sur un texte qui ne le méritait peut-être pas autant que ça. Peut-être.

Published: 2025/02/18